Carnet de voyage
Inde 2009
Il y a
Il y a les parterres gris
Il y a tous ceux qui crachent
Il y a les pieds nus
Et la pisse un peu partout
Il y a des parterres jonchés d’ordures
Il y a des montagnes de déchets,
Il y a une odeur qui transpire
Et les mouches un peu partout
Il y a ceux qui dorment parterre
Il y a l’huile qui boue au bord des routes
Il y a la circulation qui embrouille tout
Et les pots d’échappements un peu partout
Il y a des maisons de poubelles,
Des baignoires de flaques d’eau,
Des lits de vieux tissus
Des dortoirs dans les gares, près des bus, dans la rue, dans les coins,
Il y a des familles qui s’entassent, des réduits minuscules
Et la nuit qui traque les moins prévoyants
Il y sept hommes pour une femme
Des petites filles qui tombent dans les puits,
Des fausses couches mystérieuses
Et des dotes qui ruinent la famille
Il y a des marriages arrangés,
Le faible taux de divorce,
des festivités grandioses,
Les familles qui s’épanouissent
Et les suicides qui prospèrent
On se balance sur le ventilo,
On se jette sous le train
Dans cette société ou l’on n’dit mot
On diparait comme l’on vient
Il y a des enfants mal nourris
Des vieillards affaiblis,
Des meres chetives
Et des ventres qui se plient.
Il y a les dieux bien nourris
Pain, chapatti, offrandes du matin, riz
Et les éffigies de Ganesh qui sourient.
Il y a l’uniforme d’école,
Le manque de surveillance
Et l’école buissoniere
Il y a des filles-mères
Qui quittent leurs freres
Pour rejoindre a jamais un foyer inconnu
Il y a des enfants qui travaillent,
Espoirs des ventres de la famille
Jusqu’au soir il récurent, tiennent boutique, portent colis, négocient et prennent leur dû
Jusqu’au matin de leur enfance évanouie
Il a des enfants qui mendient
Qui balaient,
Qui poursuivent,
qui supplient
Il y a des enfants que l’on vend
Pour s’offrir assez de chapattis pour un temps
Et ceux que l’on achète
Quand trottent dans la tête
Des idées de business
Ou brillent mille richesses
Il y a des palais luxieux
Il a des bidonvilles miséreux
Il y a un système insideux
L'inégalité un peu partout
Il y a une croyance au kharma
Et une réalité des castes
Il n’y a qu’a attendre la vie prochaine
Tout tentative de sursaut est vaine.
Il y a l’acceptation, la résignation,
Il y a l’entraide dans la misère
La générosite des dépouilles
Et la fatalité un peu partout
Il y a les chants aux dieux,
Il y a les fêtes du calendrier religieux,
Il y a des ilots d’espérance
Et les rires un peu partout
Il y a des joues creusees,
Des corps décharnes,
Des cheveux emmélés
Il y a la mort qui pend au nez
Mais il y a des yeux de braise
Qui restent allumés
Et la vie qui pointe un peu partout.
Il y a un nouveau jour chaque matin,
Il y a un nouveau-né chaque seconde,
Il y a un pays merveilleux
Et un avenir incertain